Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous le voyez, Mathilde ; je ne suis plus que l’ombre de moi-même… J’ai tant souffert, tant pleuré !

— Je n’ose vous demander… ce qui a causé ce chagrin affreux.

— Écoutez, Mathilde… Puisse cette marque de confiance entière que je vais vous donner… provoquer la vôtre… À votre pâleur… à votre triste et douloureux sourire… je le vois, Mathilde… Mathilde… vous n’êtes pas heureuse.

Je me tus ; une larme roula sur ma joue.

Madame de Richeville joignit les mains avec force, leva les yeux au ciel, et me regarda en secouant la tête, comme pour me dire : Hélas ! ne vous avais-je pas prévenue ?

Après quelques moments de silence, elle reprit :

— Tenez, il y a en vous, pauvre enfant, je ne sais quel charme touchant qui inspire une confiance extrême… Avant votre mariage, je vous ai fait un bien pénible aveu… dans l’espoir que cette confession, si humiliante qu’elle fût pour moi, servirait pour ainsi dire de garantie aux conseils, aux avis que je ve-