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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/54

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mes forces faiblir… un nuage s’étend devant mes yeux… Dieu du ciel ! Dieu vengeur ! ne viendrez-vous donc pas à mon secours ?…

Hélas ! soit que mon imagination, frappée par la révélation de M. Lugarto, hâtât les effets du narcotique que j’avais pris, soit qu’il agît naturellement, j’éprouvais une sorte de langueur, d’accablement invincibles… Malgré moi je tombai assise dans un fauteuil, auprès de la table où avait été servi ce funeste souper.

J’étais agitée d’un tremblement convulsif, je pouvais à peine parler ; dans ma terreur, je faisais en vain à ce monstre des gestes suppliants.

— J’étais bien sûr de l’effet de mon breuvage… — reprit-il — je l’ai déjà essayé plusieurs fois. Bon, vous voilà assise, bientôt vous serez incapable de faire aucun mouvement… mais vous pouvez encore entendre pendant quelque temps… écoutez-moi donc, — cela vous distraira.

J’entendais en effet, mais déjà vaguement.

Il me semblait être le jouet de quelque rêve horrible : j’avais les yeux fixes. Cet homme