Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu m’affliger de chagrins qui n’atteignaient que moi seule.

En me rappelant cette soirée si fatale et si enivrante où j’avais acquis et la certitude de l’infidélité de Gontran, et la certitude que j’étais mère, je fus étonnée de la sérénité profonde, ineffable qui vint remplacer les poignantes émotions qui naguère encore m’avaient cruellement agitée.

Je ne pouvais douter que Gontran ne m’eût trompée… pourtant je me sentais pour lui d’une mansuétude infinie, d’une indulgence sans bornes.

Mon mari avait cédé à un goût passager ; c’était une faiblesse, une faute : mais il était le père de mon enfant ; mais c’était à lui que je devais la nouvelle et céleste sensation que j’éprouvais…

Ces pensées éveillaient en moi un mélange inexprimable de tendresse, de dévoûment, de respect et de reconnaissance qui ne me laissait ni la volonté ni le courage d’accuser Gontran de ses erreurs passées…

Quant à l’avenir… oh !… quant à l’avenir, cette fois je n’en doutais plus.