Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mon bon monsieur Sécherin — dit gravement ma tante — je n’ai peut-être qu’une seule qualité au monde, c’est une véracité… brutale ; pourquoi donc que je vous dirais cela, si je ne le pensais pas ? Vous ai-je ménagé quand je trouvais à reprendre dans votre manière de dire ?

— Non ; ça, c’est vrai. Eh bien ! au fait, je vous crois et je veux vous croire ; parce que, si je suis changé en bien, c’est grâce à Ursule, comme vous dites : mais jamais je ne m’étais aperçu de ce changement-là.

— Cette modestie timide et charmante vient consacrer ce que j’ai dit, mon bon monsieur Sécherin ; mais je me tais de peur de rendre Ursule trop orgueilleuse d’elle et de vous. Ah ça ! je vous laisse ; je vas demander à Mathilde de me conduire chez moi car je suis un peu fatiguée de la route. Sans compter que ces abominables couleurs tricolores m’ont causé un affreux mal de cœur. Heureusement, le calme champêtre… la vue des heureux que j’ai faits… tout ça va me remettre… Ah ça ! je vous laisse à vos amours tous tant que vous êtes, car je jabotte comme une pie dénichée.