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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/108

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ment remarquable dans les manières de Gontran ; lui autrefois joyeux, brillant, animé était devenu pensif, concentré, quelquefois brusque et impatient, d’autres fois morne, accablé. Mes inquiétudes augmentaient de jour en jour, je craignais, comme je l’avais pressenti, que son goût pour ma cousine contrarié, irrité par l’indifférence affectée de celle-ci, ne prît tout le caractère de la passion.

Je remarquai de nouveau sur ses traits contractés ce sourire triste, nerveux, qui n’avait pas assombri sa figure depuis qu’il avait échappé à l’influence de M. Lugarto.

Plusieurs fois je le surpris dans le parc se promenant à grands pas, une fois je vis qu’il avait pleuré… Rarement il me parlait avec dureté ; souvent, au contraire, il me traitait avec une tendresse inusitée.

Hélas ! à ces retours de bonté, je m’apercevais bien qu’il devait souffrir.

Lorsque Ursule se trouvait en tiers avec mon mari et moi, elle affectait une gaîté folle qui augmentait encore la tristesse de Gontran. Elle déployait à peu près le même cynisme moqueur, qu’elle avait montré dans son en-