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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/115

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cédé, j’ai le droit de m’en plaindre, et je vous dis que je pourrais vouloir m’en venger : voilà tout.

— Mais, depuis votre arrivée ici, ne prenez-vous pas à tâche de porter le trouble dans cette maison ?

— Qu’avez-vous à me reprocher ? Puis-je empêcher votre mari d’avoir du goût pour moi ? Puis-je faire mieux que de le railler, que de lui ôter tout espoir, que de lui promettre de partir puisque vous et lui le désirez ?

— Pourquoi donc alors n’êtes-vous pas partie ce matin, l’occasion n’était-elle pas parfaite ? Je vous dis, moi, que, si vous aviez eu l’intention d’ôter tout espoir à mon mari ; au lieu d’étaler je ne sais quelle métaphysique de sentiments effrontés, au lieu de lui dire : « Je ne vous aimerai jamais, mais je pourrai en aimer d’autres passionnément ; » si vous lui aviez dit simplement : Je suis attachée à mes devoirs ; votre femme est mon amie, ma sœur, jamais je ne trahirai ni elle, ni mon mari : ce langage eût été digne et noble… au lieu d’être perfidement calculé.

— Vous me permettrez, j’espère, d’être juge