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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/153

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gaîment Gontran ; — elle a laissé passer le quart d’heure du diable, comme on dit… Maintenant il est trop tard ; mon ange-gardien est avec moi, et il a trop de beauté et trop de bonté pour ne pas me préserver et me défendre de tous les maléfices.

— Vous êtes maintenant bien rassuré, mon ami — dis-je en continuant de sourire ; — mais ma cousine est bien adroite, bien séduisante, et votre pauvre Mathilde…

— Oh ! ma pauvre Mathilde — me dit Gontran avec un accent rempli de tendresse — ma pauvre Mathilde est une petite moqueuse… Au lieu de prendre cet air humble et résigné, elle doit s’apercevoir qu’elle est de ce moment ma souveraine maîtresse. Tenez, entre nous, je lui crois, à cette pauvre Mathilde, des intelligences surnaturelles avec je ne sais quels bons génies invisibles qui d’un souffle changent l’orage en calme, la tristesse en joie douce et sereine : elle leur a fait un signe, et mon âme a été inondée de félicité… Ma pauvre Mathilde me rappelle enfin ces fées qui cachent longtemps leur pouvoir pour le révéler toute sa majesté ; et j’aurais peur