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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/164

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donc que votre femme a passé la nuit dans la maison de ce Lugarto. Maintenant les uns assurent et croient que c’était volontairement et par amour… Ce qui me semble hasardé, car ça ferait supposer que ma chère nièce est une indigne créature. Les autres prétendent, au contraire, que la pauvre chère petite s’y était rendue, en tout bien en tout honneur, pour racheter à Dieu sait quel prix un papier qui pouvait vous diffamer, mon cher Gontran. Là-dessus, remarquez bien, mes enfants, que je suis dans tout cela et de tout cela ni plus ni moins innocente que la nymphe Écho…

Je ne pouvais plus en douter, M. Lugarto avait tenu parole : pour se venger, il avait écrit à mademoiselle de Maran ou à quelque personne de sa connaissance plusieurs versions de cette nuit fatale qui devaient ou me perdre de réputation ou déshonorer Gontran.

Le faux et le vrai étaient si perfidement combinés et confondus, dans cette horrible calomnie, que le monde, par indifférence ou par méchanceté, devait tout admettre sans examen.

J’osais à peine jeter les yeux sur Gontran,