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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/19

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— Oh ! Gontran… Gontran, voilà votre cœur, votre langage… c’est vous, je vous reconnais… Ô mon Dieu, mon Dieu, donnez-moi la force de supporter tant de bonheur…

— Oui, oui, c’est moi, ton ami, ton amant, Mathilde… ton amant, qui n’étais pas changé ; non, non, je te le jure : mais, grâce à toi, j’étais si heureux, si heureux que je ne pensais pas plus à ce bonheur que je te devais qu’on ne pense à remercier Dieu de la vie qui s’écoule heureuse et facile ; et puis si j’étais quelquefois insouciant, capricieux, fantasque, il faut vous le reprocher, mon bon ange, ma bien-aimée, oui, j’étais comme ces enfants gâtés que, dans sa tendresse idolâtre, une mère ne gronde jamais ! pour leurs grandes fautes, elle n’a que des sourires ou de douces remontrances… et encore… non… — reprit-il avec une grâce touchante — non… je cherche à m’excuser, à affaiblir mes torts, et c’est mal… j’ai été égoïste, dur, indifférent, infidèle ; j’ai pendant quelque temps méconnu le plus adorable caractère qui existât au monde… Oh ! Mathilde, je ne crains pas de charger le passé des plus noires couleurs… l’avenir m’absoudra…