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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/241

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Devinez-vous maintenant les motifs de ma conduite bizarre ? Non ? Pas encore ? Allons vous n’êtes décidément pas en veine de sagacité. Je reprends donc les faits d’un peu haut ; tout mon espoir est que cette confession vous donnera de moi une horrible aversion. Il est malheureusement trop tard maintenant pour que je puisse vous paraître respectable ; avec ce paraître j’aurais sûrement éteint votre folle passion.

« Or donc, en venant à Maran, en pensant même à profiter de l’offre que m’avait faite autrefois Mathilde d’occuper à Paris un appartement de votre maison, mon projet bien arrêté était de vous rendre amoureux fou de moi ; entendez-vous, amoureux fou… et de me servir de votre fol amour… je vous dirai tout-à-l’heure dans quel but.

« Je réunissais toutes les conditions nécessaires pour vous séduire : d’abord je ne vous aimais pas, je me sentais sur vous beaucoup de supériorité ; et de plus je m’étais imaginé que le moyen le plus sûr d’enamourer un homme blasé par de nombreux succès était de se moquer de lui, d’irriter ainsi vivement son or-