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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/244

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moi qui suis peut-être théoriquement aussi avancée que vous, vous faussez votre destinée, vous perdez vos avantages et je me moque de vous.

« Les augures ne pouvaient se regarder sans rire, c’est pour cela que votre sérieux amour me cause une incroyable hilarité. Prenez garde, un fripon qui devient dupe est mille fois plus sottement dupe qu’un honnête homme.

« Ceci dit, mon cher cousin, revenons au sujet de votre étonnement.

« Un jour, brusquement, sans motif (à vos yeux du moins) vous avez été à moi sans que j’aie été à vous, selon votre expression… De ce moment vous m’avez toujours trouvée froide, dédaigneuse, et aussi insouciante du passé que s’il n’existait pas… Vous vous étonnez de cette soudaine indifférence, vous criez au démon, à la fatalité, que sais-je ? Vous me demandez si je vous aimais, si j’avais au moins pour vous un vif caprice ? Nullement ; vous êtes charmant, mais j’ai le malheur d’avoir très mauvais goût. Comment donc, direz-vous, vous ne ressentiez pour moi ni passion, ni amour, ni