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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/259

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tendez-vous à votre tour, que si je le voulais, demain il serait encore à mes pieds, me demandant à mains jointes de revenir à lui… mais je ne le veux pas. La destinée m’accable au moment même où je cédais à un sentiment si généreux qu’il en était fou, au moment où j’avais pitié de la femme que j’avais haïe, outragée, au moment où je tâchais de réparer le mal que j’avais fait… Eh bien ! seule je lutterai contre la destinée ; un jour viendra, et il n’est pas loin, où, dans son désespoir de m’avoir perdue, votre fils vous maudira de ne l’avoir pas engagé à me pardonner.

— L’entendez-vous, la malheureuse ? — s’écria madame Sécherin en joignant les mains avec horreur. — Vous regretter, vous ! Voyez… voyez… l’infernal orgueil !

Ursule haussa les épaules avec une expression de pitié.

— Vous ne savez donc pas ce que j’étais, ce que j’aurais été pour lui, car il était simple, bon, dévoué, et je m’amusais à le rendre heureux comme on s’amuse de la joie d’un enfant… Vous l’avez entendu vous-même vous dire si son bonheur était grand, si je n’étais pas tout