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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/266

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À propos de cette miniature, je dois dire ici ce que je sus plus tard : c’est qu’elle avait été rendue à mon mari par madame de Richeville.

Donner à sa femme un portrait fait autrefois pour une maîtresse, c’est une de ces indignités naïves qu’un homme se permet sans même se douter de ce qu’il y a d’odieux et d’insultant dans un pareil procédé.

À côté de ma table de travail, une petite bibliothèque de bois de rose renfermait mes livres de prédilection ; enfin entre les deux fenêtres était mon piano.

En passant devant une glace je me regardai : j’étais horriblement pâle et maigre ; mes pommettes déjà un peu saillantes et légèrement pourprées témoignaient de la fièvre dont j’étais brûlée depuis deux jours ; mon regard était très brillant, très animé, mais j’avais les lèvres violettes et les mains glacées.

J’étais habillée de noir, mes cheveux lissés en bandeaux, car je n’avais pas songé à les faire boucler.

Je contemplais avec une sorte de joie sombre le ravage que les chagrins avaient imprimé à