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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/272

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ves de bien et de mal qui tiennent, pour ainsi dire, toujours l’esprit et le cœur en éveil : Mathilde, au contraire, est une perpétuelle résignation larmoyante et monotone ; elle a toutes les vertus, soit ; personne ne songe à les lui nier… mais elle ne sait guère rendre la vertu aimable. En un mot, c’est une femme qui a le plus grand tort de tous : celui d’aimer et de ne pas savoir se faire aimer. » Voilà ce que le monde dirait, Gontran… voilà ce qu’il aurait le droit de dire, à son point de vue, à lui… Quelques âmes compatissantes me plaindraient peut-être ; en songeant que ma vie auprès de vous a pu se résumer ainsi : « Aimer noblement… souffrir et se résigner… » Oui, ceux-là me plaindraient peut-être, mais ils ne feraient que me plaindre… et entre la pitié et la sympathie il y a un abîme !

— Quel langage, Mathilde !…

— Hé bien, encore une fois, croyez-vous que je raille, Gontran, lorsque je vous dis qu’après tant de larmes versées il ne me reste pas même la consolation de me croire digne d’intérêt ?