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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/292

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tôt je suis un fou… et pourtant… malgré moi, chaque jour cet amour augmente… deux fois j’ai été sur le point d’aller la rejoindre… mais je n’ai pas osé : avec un caractère aussi intraitable que celui de cette femme, une fausse démarche peut tout perdre… et malgré moi encore, je conserve toujours une lueur d’espoir… mais, tenez : encore pardon, mon Dieu… je vous irrite… je vous blesse.

— Je puis maintenant tout entendre, je vous le jure, Gontran… pour vous et pour moi, c’est une triste compensation à ce que nous avons perdu tous deux.

— Oh ! je le sais… je le sais !… Je ne puis plus compter sur votre amour, il faut y renoncer ; mais ne soyez pas impitoyable, laissez-moi épancher mon cœur près de vous… Maintenant que vous ne m’aimez plus, cela ne peut pas vous froisser… Allez, Mathilde, je suis si malheureux, que c’est presque vous venger de moi-même que de vous avouer ce que j’endure. Oh ! si vous saviez ce que c’est que de souffrir d’une douleur muette et concentrée !…

— Je le sais, Gontran… je le sais…