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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/30

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dans un des cabinets de l’alcôve ; les tendres assurances de Gontran, sa loyauté, tout devait m’empêcher de ressentir la moindre crainte, et pourtant un moment encore j’hésitai.

Il me sembla que je jouais un rôle indigne de moi en assistant ainsi invisible à cet entretien.

Je l’avoue, mes irrésolutions cessèrent, moins dans l’espoir de voir humilier ma rivale que dans l’espoir ardent et inquiet d’assister à une scène si étrange, si nouvelle pour une femme.

Je connaissais le ton plaintif et mélancolique d’Ursule, je m’attendais à la voir fondre en larmes lorsque mon mari lui signifierait son intention.

Jugeant de l’amour qu’elle devait ressentir pour Gontran par l’amour que j’éprouvais pour lui, je prévoyais que cette scène allait être cruelle pour ma cousine ; soit faiblesse, soit générosité, je ne pus m’empêcher de la plaindre.

J’allai même jusqu’à craindre que Gontran excité par ma secrète présence ne se montrât trop dur envers elle. Quel réveil pour cette malheureuse femme qui l’aimait tant sans doute et qui se croyait aussi tant aimée !…