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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/301

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me levai pour sortir… mais il s’approcha de moi avec confusion et me prit la main.

— Pardon — me dit-il tristement — pardon ; j’ai honte maintenant de mes paroles, je sens, hélas ! ce qu’elles ont de blessant. C’était déjà si bon à vous que de m’écouter… Pardon encore… mais je suis si malheureux que je me trouve sans force dans cette lutte ; mon énergie a pâli, je n’ai plus même la puissance de vouloir : chaque jour je renonce à mes résolutions de la veille… Cette malheureuse pensée est là, toujours là, présente et inflexible ; je ne puis lui échapper. Oh ! tenez, cette position est horrible !… Que faire, mon Dieu, que faire ?

Et cet homme d’un caractère si dur et si entier versa de nouveau des larmes.

Cette honteuse faiblesse m’indigna plus qu’elle ne me toucha.

— Que faire ! — lui dis-je — que faire ! vous me le demandez ? À voir votre accablement, vos impuissants regrets, votre facile résignation à un penchant criminel, ne dirait-on pas que vous êtes invinciblement forcé à agir comme vous agissez !