Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après quelques moments de silence, Ursule passa la main sur son front comme pour chasser les idées qui semblaient l’avoir tristement préoccupée et dit en souriant à mon mari, qui la regardait presqu’avec stupeur : — Vous le voyez donc bien… vous ne pouvez être ni mon esclave ni mon maître. Nous ne pouvons qu’être amis, et encore ce serait difficile ; vous êtes trop homme du monde pour me pardonner vos maladroites déclarations et votre insuccès près de moi. Tout bien considéré, il ne nous reste guère que la chance d’être ennemis à peu près irréconciliables. Ne trouvez-vous pas cette conclusion fort originale ? qui aurait dit que notre conversation devait prendre cette tournure-là ?

— Sans contredit, Madame — répondit machinalement Gontran, comme s’il eût encore été sous le coup de cet étrange entretien ; — sans contredit, cela est fort original. Mais alors puis-je vous demander pourquoi vous avez bien voulu nous consacrer quelque temps ?

Avec cette mobilité d’impressions qui la caractérisait, Ursule se mit de nouveau à rire