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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/60

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je peux toujours ce que je veux fermement. Ainsi, par exemple, tenez : j’ai plus de physionomie que de beauté, plus de défauts que de qualités, plus de bavardage que d’esprit ; j’ai une fortune ordinaire, un nom ridicule… madame Sécherin, je vous demande un peu… madame Sécherin ! Eh bien ! malgré tout cela, je veux être, cet hiver, la femme la plus entourée, la plus à la mode de Paris, avoir la maison la plus recherchée, et faire tourner toutes les têtes en finissant par la vôtre. Maintenant adieu, mon cousin… je vais décider mon mari à partir le plus tôt possible… nous irons faire un petit voyage jusqu’à l’hiver… Je vais retrouver Mathilde dans le parc ; je lui tairai notre entretien, bien entendu… Pauvre femme ! je la plains… pauvre divinité… Hélas ! quand on ne sait parler que le langage des anges, on court grand risque de se trouver ici-bas bien dépareillée. Somme toute, j’aime mieux mon sort que le sien… quoiqu’elle ait l’inqualifiable bonheur de vous avoir pour seigneur et maître ! — ajouta Ursule avec un sourire moqueur.

Elle sortit en faisant un petit signe de tête