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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/89

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enfin, ont fait un sauve-qui-peut qui en Italie, qui en Allemagne, comme du temps de la première révolution. Ma foi ! je m’ennuyais à Paris, lorsque, pour changer, la peur est venue me talonner ; c’est ce qui me procure le bonheur de venir vous embrasser, mes chers enfants. J’aime tant à contempler votre joli petit ménage, ça me réjouit le cœur ; je me dis en le voyant : C’est pourtant grâce à moi que ces deux cœurs si bien faits l’un pour l’autre sont unis par une chaîne fleurie. Ah !…ah !… ah !… mais voyez donc l’effet de la campagne… je parle déjà comme une églogue… Où sont donc vos pipeaux, s’il vous plaît, beau Sylvain ? Je voudrais chanter votre bonheur sur la double flûte des bergers d’Arcadie !

La gaîté de mademoiselle de Maran m’effrayait ; son rire aigre et strident annonçait toujours quelques méchancetés.

Selon son habitude, ma tante avait, en entrant, mis ses lunettes, quoiqu’elle n’eût ni à lire, ni à travailler ; mais elles lui servaient, pour ainsi dire, à cacher son regard : à l’abri de leurs verres, elle pouvait observer à son aise sans être remarquée.