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Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/10

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j’entendis les joyeux cris des oiseaux au milieu des feuilles, mon désespoir augmenta.

L’aspect de la nature, paisible et riante, m’était odieux ; je sentais la faculté d’aimer et d’être heureuse complètement morte en moi…

À quoi me servaient les beaux jours remplis de chaleur, de soleil et d’azur ?… à quoi me servaient les belles nuits étoilées, remplies de fraîcheur, de parfums et de mystères ?

J’étais souvent en proie à des accès de désespoir affreux et de rage impuissante, en songeant que, si mon enfant eût vécu, ma vie eût été plus belle que jamais, car j’avais entrevu des trésors de consolations dans l’amour maternel. Si méprisante, si cruelle, si indigne que la conduite de M. de Lancry eût été pour moi, elle n’aurait pu m’atteindre dans la sphère d’adorables félicités où je me serais réfugiée.

Alors je compris combien était horrible notre position, à nous autres femmes qui ne pouvons remplacer la vie du cœur par la vie d’action.

Par une injustice étrange, mille compensations sont offertes aux hommes qui ont à souf-