Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/137

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des cadavres qui n’étaient pas brisés parmi les rochers.

— Ah ! c’est horrible, s’écria madame de Semur ; — on dirait une page de roman moderne, le timide essai d’une jeune fille de lettres qui s’essaie en rougissant…

— Écoutez alors la péripétie — reprit le prince. — En apprenant ce malheur, le vieil hetman reste stupéfait, inerte. À ce moment, un aide-de-camp du feld-maréchal (l’officier russe dont je vous ai parlé) accourt ordonner à l’hetman de se porter avec sa masse de cavaliers sur un point qu’il désigne. L’hetman fait machinalement un signe de tête… Plein de confiance dans ce vieux soldat, et pressé de porter d’autres ordres, l’aide-de-camp ne croit pas nécessaire de s’assurer par lui-même de l’exécution de la manœuvre qu’il est venu commander ; il se dirige au galop sur un autre point. Rochegune sait bien la guerre ; quoique jeune, il la fait depuis longtemps. Comprenant l’importance de ce mouvement qui doit être exécuté avec la rapidité de la foudre, il reste stupéfait de l’immobilité de l’hetman, il lui parle, il lui rappelle l’ordre qu’il vient de re-