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Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/251

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sesse ; rempli de charme et de sensibilité, lorsqu’il voulait louer ce qui était noble et beau. Eh bien ! ces contrastes si remarquables dans cette femme m’ont beaucoup frappé dans le moment ; mais ils m’ont laissé depuis fort peu curieux et fort indifférent, tandis qu’autrefois, je vous le répète, j’aurais tout fait pour pénétrer le caractère réel de cette créature mystérieuse… Mais c’est tout simple, Mathilde, tout ce qui n’est pas vous m’est antipathique ; vous m’avez rendu très difficile ; vous avez, si cela peut se dire, épuré, divinisé mon goût et mon cœur. Oui, à cette heure, je suis comme ces fanatiques de l’art qui ne peuvent détourner leurs yeux du type auguste et idéal que nous a légué l’antiquité ; une fois arrivé à cette religion du beau, une fois habitué à le contempler dans sa majestueuse sérénité, à l’adorer dans sa grandeur, à l’aimer dans sa simplicité, on prend en dégoût, en aversion, la fantaisie, le caprice, le joli, le maniéré ; enfin on déteste tout ce qui diffère de cette magnifique unité qui semble procéder de Dieu… Vous voyez, Mathilde, si j’avais raison de vous dire que ce qui n’était pas vous n’existait pas…