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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/172

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« Je me sais si vous m’approuverez, cela est peut-être bien bizarre… mais je lui ai donné le portrait que j’avais fait de lui… de souvenir… vous savez… Ce n’était pas que je m’attendisse à lui causer un grand plaisir en lui donnant sa propre image, mais je pensais que peut-être il verrait dans cette offre une preuve que sa pensée est toujours en moi ; et puis je ne sais, mais, dès que j’ai eu terminé ce portrait, il m’a semblé qu’il ne m’appartenait plus, que je n’avais plus le droit de le garder, que je devais le lui rendre… Et puis encore, j’étais si fière de mon ouvrage ! si vous saviez comme il était devenu ressemblant ! car j’y ai beaucoup travaillé depuis que vous ne m’avez vu… Il n’y a là rien d’étonnant. Une fois seule devant ma table de dessin, chaque fois que je voulais le voir, je fermais les yeux et il m’apparaissait ; oui, c’était une véritable apparition.

« M. de Rochegune est toujours bien triste quand il parle de vous… il est comme madame de Richeville, comme moi… Nous ne pouvons pas nous consoler de votre départ, nous qui avions la douce habitude de vous voir chaque jour.