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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/333

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— Madame Lebœuf n’est plus ici ; elle m’a vendu son fonds. Je ne donne pas à déjeuner.

On eût annoncé à M. Godet la résurrection positive de Napoléon, qu’il n’eût pas été plus pétrifié qu’il ne le fut à la nouvelle de la retraite subite de madame Lebœuf.

— Mais, Monsieur — s’écria-t-il — ceci est inadmissible, ceci tombe dans la fable. J’aurai l’honneur de vous faire observer que madame Lebœuf, hier soir, à huit heures trois quarts, m’a encore réitéré l’invitation qu’elle m’avait faite pour…

— Je vous dis que madame Lebœuf m’a cédé son fonds, son mobilier, son bagage, tout enfin, excepté ses robes et ses bonnets, dont ni moi ni Jean nous n’aurions su que faire, et, hier soir, elle a filé à dix heures.

— Il n’en est pas moins fort extraordinaire, Monsieur, que, venant très disposés à déjeuner, on…

— Qu’est-ce qu’il faut vous servir ?.. Je n’ai pas le temps de causer… Jean… sers ces Messieurs.

Et M. Saunier rentra dans l’arrière-boutique, dont il ferma soigneusement la porte…