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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/357

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rien… seule… vieille… impotente… abandonnée de tous… Après cela, je chasserais ceux-là, j’en prendrais d’autres, ça serait tout de même ; je n’ai personne pour me soutenir, pour prendre mes intérêts. Ah ! mon Dieu… que je suis donc malheureuse… à mon âge, malade, infirme, privée des soins les plus vulgaires… je ne mange au monde qu’un pauvre potage… je ne peux pas seulement l’avoir… mais j’ai faim… moi… j’ai faim… mon Dieu ! mon Dieu !… Moi souffrir de la faim… au milieu de ma maison… de mes gens… mais c’est affreux… Servien… Servien… Rien… ils ne veulent pas venir ; mais il n’y a donc pas de justice au ciel et sur la terre ; mais qu’est-ce que c’est que cette barbarie-là… mais c’est atroce… mais la dernière des femmes du peuple lorsqu’elle est malade… a une famille qui la soigne… a quelqu’un qui prend pitié d’elle… et moi, personne… personne… j’en suis réduite à une fureur impuissante… à écumer de rage… et dire que c’est ainsi tous les jours ! Servien… Servien… J’ai beau appeler… ils ne m’écouteront pas… Oh ! les scélérats… mon Dieu, que faire !… Si je criais au se-