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Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/37

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extraordinaire, qu’elle n’était plus reconnaissable : l’espérance l’avait sauvée ; elle se savait, ou plutôt elle se croyait aimée autant qu’elle aimait…

Hélas ! je frémissais en songeant aux funestes conséquences que pouvait avoir le mensonge que j’avais été obligée de faire… Je fermai les yeux devant l’abîme, et j’attendis tout de Dieu.

En s’éveillant, Emma, après avoir cherché à rassembler ses idées, s’écria :

— Est-il bien vrai ? Mon Dieu ! cela est-il bien vrai ?… C’est vous…

— Oui, oui… c’est moi, mon enfant : ce que je vous ai dit est la vérité… Vous aimez M. de Rochegune, il vous aime… Nous allons parler de tout ce bonheur ; mais comment vous trouvez-vous ?

— Maintenant je me sens faible… Mais j’éprouve le besoin de vivre… comme tout à l’heure j’éprouvais le besoin de mourir.

— Vous êtes donc bien heureuse ?

— Oh ! oui… je vois que c’était à M. de Rochegune que je devais ces moments si heureux que je ne m’expliquais pas… Je sens que