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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome I, 1882.djvu/58

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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

vations on joint de justes considérations sur l’esprit d’entreprise que la liberté fait naître, et sur la moralité générale que la religion crée et maintient parmi les hommes, on aura résumé, pensons-nous, les principales données qui régissent la croissance et l’amoindrissement du développement de la race humaine[1]. »

Avec tous ceux de son temps, le ministre de Henri IV était loin de se douter qu’un jour viendrait où le nouveau-monde serait peuplé de groupes d’hommes indépendants qui représenteraient à leur manière les nationalités de l’Europe. Se figurait-il que la civilisation, ancrée à jamais entre l’Atlantique, la Méditerranée et la mer du Nord, avait dit son dernier mot ? Quelle distance entre ses idées et celles de Colbert ! De ces deux grands citoyens, l’un est tout en dedans : c’est l’esprit ancien, la routine ; l’autre est en dehors autant qu’en dedans : c’est le génie moderne.

Comment se fait-il qu’il y ait aujourd’hui cinq ou six Angleterres ? Parce que les ministres de Londres ont vu dans les colonies un moyen d’étendre au loin la puissance britannique. Pourquoi n’y a-t-il encore qu’une seule France ? Parce que les idées de Sully ont prévalu dans ce dernier pays, en dépit de l’exemple donné par Colbert.

Si jamais il y a une deuxième France, ce sera la province de Québec, fille de ses propres œuvres.

  1. Rameau : La France aux colonies, XXVII.