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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome I, 1882.djvu/84

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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Les Algonquins offraient à peu près tous les traits opposés. Ils s’adonnaient à la guerre et à la chasse, conséquemment menaient une vie nomade. Leur mode de gouvernement s’en ressentait ; on peut même dire qu’en dehors du pouvoir déféré au chef de chaque famille, il n’existait pas d’autorité dans la nation, et, par suite, très peu d’ensemble dans la conduite des affaires publiques. Fiers de leur indépendance exagérée, possédant une intelligence sinon faible du moins ordinaire, habitués à porter les armes et à mépriser le travail, ces Sauvages se croyaient les maîtres de la contrée, et ils ne perdaient aucune occasion de témoigner leur mépris aux Iroquois et de les molester.

On ne saurait douter que les Iroquois aient habité les bords du fleuve.

Nicolas Perrot dit positivement : « Le pays des Iroquois était autrefois le Montréal et les Trois-Rivières. » Le Père Le Jeune écrit : « Voyageant de Québec aux Trois-Rivières, les Sauvages m’ont montré quelques endroits où les Iroquois ont autrefois cultivé la terre. »

Voici comment est rapportée l’origine des guerres entre les deux races :

De jeunes Iroquois, invités par un parti de jeunes Algonquins fanfarons à les suivre à la chasse, furent assez heureux pour les surpasser et abattre plus de gibier que ces chasseurs. L’amour-propre des Algonquins s’en trouva froissé. Ce fut la cause d’une série de différends qui aboutirent à la guerre ouverte.

La supériorité des Algonquins dans les armes se manifesta dès les premières rencontres ; il ne paraît pas non plus qu’ils aient éprouvé d’échecs considérables dans le cours de cette première guerre. Ayant vaincu aisément les Iroquois, ils s’emparèrent de leur pays.

Après leur défaite, écrit un auteur, les Iroquois rongèrent leur frein. Au printemps suivant, ils retournèrent dans leurs premières terres, qui étaient aux environs de Montréal et le long du fleuve, en montant au lac Ontario.

Peut-être s’agit-il ici non de toute la race iroquoise, mais de quelque tribu (les Hurons ?) qui aurait réussi à reprendre possession de ses terres, comme nous le verrons par la suite.

Toutefois, s’il s’agit de la race entière, ils ne restèrent pas longtemps dans les environs de Montréal ; car il est certain qu’ils se retirèrent vers le lac Érié, d’où une nation du voisinage les chassa presque aussitôt. Ils se réfugièrent sur la rive Est du lac Ontario, de manière à s’étendre sur le lac Champlain, aux sources de la rivière Sorel, dont l’embouchure leur ouvrait une porte en plein lac Saint-Pierre, entre les Trois-Rivières et Montréal.

Il n’est guère possible de préciser l’époque où commença cette division entre les deux races, mais tout nous porte à croire qu’elle eut lieu vers le temps (1492) où Christophe Colomb découvrit l’Amérique, ou même un peu plus tard.

Les Houendats (les Hurons), forte tribu iroquoise, paraissent avoir cherché les premiers à reprendre possession du pays perdu. Ils battirent la tribu algonquine des Onontchataronnons (plus tard la tribu de l’Iroquet), qui s’était installée sur l’île de Montréal. Cela dût avoir lieu entre 1500 et 1530 à peu près.

La tribu de l’Iroquet prétend, disent les Relations des Jésuites, avoir occupé l’île de Montréal et les terres qui sont du côté de Chambly et de la ville de Saint-Jean.