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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome I, 1882.djvu/87

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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

de Roberval, du Canada. Ils allèrent habiter les terres qui sont entre le lac Simcoe et la baie Géorgienne, la partie la plus fertile de la province d’Ontario. Ils conservaient la tradition Iroquoise, en ce qu’ils se livraient à l’agriculture et négligeaient non-seulement la guerre, mais aussi la chasse.

Un passage de la relation de Champlain fait supposer que la grande guerre commença vers 1550. Il dût y avoir aussi, à l’époque en question, un redoublement d’entreprises de guerre de la part des Iroquois Agniers et de la tribu algonquine de l’Iroquet alliée aux Iroquois.

Les Algonquins se regardaient comme les propriétaires du site actuel de la haute-ville des Trois-Rivières, et, pour y résister aux attaques des Iroquois, ils avaient bâti un fort sur le tertre que nous appelons le Platon.

Les Iroquois, offusqués de cette manifestation de résistance, l’emportèrent d’assaut et le rasèrent à fleur de sol. En 1635, le Père Le Jeune dit en avoir vu les bouts de pieux restés dans la terre et encore noircis par le feu dont on s’était servi pour les détruire. Nous ne saurions dire quand eu lieu cet événement.

Les Trois-Rivières étaient occupées par des partis de chasse et de pêche appartenant à la race algonquine, qui s’y succédaient au caprice des événements. Ce lieu se trouvait le plus exposé aux attaques des bandes iroquoises, à cause de sa proximité du lac Saint-Pierre et de la rivière Saint-Maurice, où se cachaient les ennemis. Toutes les traditions des Sauvages s’accordent à dire que nul endroit du cours du fleuve n’était plus aimé ni autant fréquenté. Il n’y en avait probablement pas qui fûssent plus souvent témoin des drames barbares qui se jouaient entre les Toudamans et les Algonquins, puisque sa position semble le désigner comme le champ de bataille des deux races. Les éléments de chasse et de la pêche y abondaient prodigieusement, et en faisaient un rendez-vous général. Longtemps après la fondation de Québec, et en dépit des instances que les gouverneurs et les missionnaires firent pour les détourner de leur coutume de séjourner aux Trois-Rivières, les Algonquins et plusieurs familles de Montagnais y restèrent attachés.

L’épisode suivant est un tableau fidèle des combats des Sauvages. On peut en reporter la date à l’année 1560, autant qu’il est possible de s’en assurer.

La tribu de l’Iroquet, déjà mentionnée, était de la race algonquine, cependant elle s’était en partie séparée de sa nation, comme on l’a vu, et lui faisait la guerre, de même que certaines tribus (les Hurons, par exemple) de la race iroquoise s’allièrent, plus tard, aux ennemis des Iroquois.

Un jour qu’un grand nombre de guerriers de l’Iroquet se présentaient devant les Trois-Rivières, les Algonquins s’avisèrent d’employer un stratagème qui leur réussit. Le gros des Algonquins se cacha dans les bois qui bordaient la rivière Bécancour, à quelques centaines de pas de son embouchure, laissant quelques canots en vedette sur le fleuve, dans la position de gens occupés à la pêche. Ce qui avait été prévu arriva. Les Iroquets se lancèrent sur les pêcheurs isolés, lesquels prirent la fuite vers la rivière, en poussant des cris de désespoir. Derrière eux arriva toute la flottille ennemie, sans se douter du danger où elle courait, et