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CHAPITRE V

1608 — 11


1608. — Projets de colonisation. — Compagnie de Monts. — Québec fondé. — Complot contre la vie de Champlain. — Hiver 1608–9. — Guerre des Iroquois. — Privilége de de Monts révoqué. — Les Malouins. — 1610. — Compagnie de Rouen. — Québec. — Les Iroquois. — 1611. — Mariage de Champlain. — Montréal. — Hochelaga. — Les Sauvages de l’ouest.



C

hamplain et de Monts avaient des vues du côté du Saint-Laurent, dans la région comprise entre le golfe et le Saut, où les attiraient une température plus clémente, un vaste marché de traite, la perspective de convertir les Sauvages, et le désir de pénétrer par là dans les terres jusqu’au Pacifique, pour atteindre un jour la Chine et le Japon.

À la fin de l’année 1607, deux projets étaient proposés : l’un, celui de Poutrincourt, consistait à reprendre les opérations à Port-Royal ; l’autre, celui de Champlain, demandait que l’on fît choix du Saint-Laurent pour y fonder un poste. De Monts était ruiné, ou à peu près. Champlain n’avait jamais possédé les ressources indispensables à une telle entreprise. Poutrincourt avait quelques moyens, mais il tenait pour l’Acadie, et il comptait sur certaines influences pour relever l’établissement de Port-Royal. Madame de Guercheville, personne de grande piété, et qui désirait contribuer à la conversion des Sauvages, avait résolu de débourser les sommes nécessaires à cet objet, mais en Acadie seulement. En vain Champlain lui représenta-t-il, ainsi qu’au Père Coton, jésuite, confesseur du roi, le danger perpétuel qu’il y aurait de se trouver en conflit avec les Anglais le long de ces côtes coupées par un nombre infini de ports, de bouches de rivières, etc. ; il n’y eut pas moyen de la faire pencher pour Tadoussac, Québec ou le Saut. Champlain démontra aussi que les Sauvages de l’Acadie étaient clair-semés, au lieu qu’il y en avait davantage sur le Saint-Laurent ; la personne du calviniste de Monts écartait tout projet dans lequel il pouvait entrer.

Il est à remarquer que l’on désignait, à cette époque, les Sauvages du bas Saint-Laurent sous le nom de Canadois ou Canadiens, ce qui montre que le mot Canada ou Kanata, employé du temps de la découverte (1535) pour désigner la région commençant à la Grosse-Île et finissant un peu au dessus de Stadaconé, s’était étendu et s’appliquait (1608) également à toute la partie inférieure du fleuve, si même, en remontant le fleuve, il n’atteignait pas l’ancien Hochelaga.