Aller au contenu

Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les eaux occupent la portion la plus basse. — Dans les torrents, tout au contraire, un pareil profil donne une courbe convexe, et les eaux se tiennent dans la région la plus haute. On peut prendre de suite une idée de cette curieuse disposition, en consultant les deux Coupes en travers, figurées dans la planche II. — Les eaux, ruisselant ainsi sur un faîte, sont contenues par une légère dépression qui les rassemble, et les empêche de s’éparpiller sur la convexité du lit.

On comprend qu’un semblable cours ne peut pas être bien stable : — c’est en effet ce que montre l’observation. Les plus petites crues jettent les eaux hors de la dépression. Elles se déversent alors à droite et à gauche, et s’échappent, en suivant les pentes transversales du lit.

Cette instabilité rend les torrents extrêmement funestes, car elle les transporte sur des points toujours nouveaux, et ouvre à leurs ravages des étendues immenses de terrain. On voit de ces lits dont la largeur dépasse 3 000 mètres. Il n’arrive jamais qu’un torrent couvre à la fois cette surface tout entière ; mais en se portant tantôt ici, tantôt là, il en menace continuellement toutes les parties, et, au bout de quelques crues, toutes portent réellement des traces de son passage.

Tels sont les torrents, lorsqu’ils débouchent dans les vallées.

Quand on les remonte dans les détours des montagnes, on les voit qui s’enfoncent entre des berges abruptes, crevassées, qui se dressent jusqu’à de grandes hauteurs, et forment des gorges profondes. Ces berges, sans cesse minées par la base, s’éboulent et entraînent dans leur chute les cultures et les habitations voisines.

Lorsque enfin l’on approche des sources mêmes des torrents, le ter-