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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/28

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Quelques-uns de ces lacs remontent même à des temps historiques[1]. Remarquons enfin que les mêmes faits ont été observés sur une foule d’autres points, et dans toutes sortes de rivières[2].

Voilà donc une manière d’agir générale, dont la trace se reproduit constamment dans un certain genre de vallées, et à laquelle serait due, non pas la formation de ces vallées elles-mêmes, mais la formation de leurs thalwegs : deux choses qu’il faut bien distinguer.

Il existe des vallées, qui paraissent avoir été ouvertes en entier par l’érosion des eaux, coulant d’abord dans une simple dépression du terrain. Voilà un deuxième genre de formation, différent du précédent.

D’autres vallées paraissent avoir été formées par des dislocations du sol, qui ont ouvert des fentes, dans lesquelles les eaux se sont ensuite précipitées.

Dans ces formations diverses, l’action des eaux a toujours été la même, et elle a produit les mêmes résultats. Lancées sur un terrain irrégulier, elles ont suivi d’abord la ligne de plus grande pente, puis elles l’ont modifiée. — Au milieu de ces modifications, s’est créé peu à peu la courbe du lit le plus stable, sous la double influence du frottement des eaux, tendant à devenir un minimum, et de la résistance accidentée du sol, tendant à devenir un maximum. Cette courbe, c’est le thalweg.

J’insiste, dès le commencement, sur cette pensée. Elle sert à rallier un grand nombre de faits, dont elle enveloppe les explications dans une même formule, vague à la vérité, mais unique et générale.

Si l’on étudie les vallées sous le point de vue topographique, on découvre plusieurs lois, cachées sous cet arrangement, qui semble l’effet du hasard.

  1. L’ancien lac de Ceillac, — celui forme par la Romanche, dans l’Oisans, lequel se rompit en 1229, détruisit une partie de la ville de Grenoble, et exhuma, par cet accident, la plaine où est bâtie la petite ville de Bourg-d’Oisans ; — celui forme par le Buëch, qui engloutit, puis exhuma la ville romaine de Mont-Seleucus (Mont-Saléon) ; — l’ancien lac d’Ancelle, dans la vallée du Drac, etc., etc.
  2. Voir les exemples cités par d’Aubuisson (Traité de géognosie, tome Ier, page 85, l’article intitulé : Bassins et eaux dans les montagnes).

    Voir l’article Vallées, dans la Géologie de Labêche.

    Voir la description des bassins elliptiques dans la Statistique minéralogique de la Drôme par M. Scipion Gras.

    Voir le mémoire récemment publié par MM. Legrom et Chaperon (Annales des ponts et chaussées, mai et juin 1838).