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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/283

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inondations en un certain nombre de zones, soumises chacune à une probabilité différente d’inondation. Tous les terrains enclavés dans la même zone feraient partie d’une même classe, et seraient censés soumis à la même chance, qu’il s’agit maintenant de déterminer.

Or, si l’on part de la zone la plus voisine de la rivière, et si l’on admet, par exemple, que cette zone ait été couverte par les eaux moyennement trois fois par année, on peut représenter la probabilité d’une inondation future par la fraction 150/150. La zone la plus éloignée au contraire, qui n’aurait été mouillée par les eaux qu’une seule fois dans cette période de 50 années, aurait une probabilité représentée par 1/150. Ainsi de suite des autres.

Ayant ainsi fixé les probabilités correspondantes aux différentes classes ou zones, on déterminerait ensuite la valeur totale des propriétés enfermées dans chaque zone. Soient

v, v′, v″…  ces valeurs,
p, p′, p″…  les probabilités correspondantes.

Les intérêts des différentes classes seraient exprimés par les produits

pv, pv′, pv″, etc.

Maintenant, pour déterminer la quote-part de chaque propriétaire, il n’y a qu’à multiplier la valeur de sa propriété par la probabilité de la classe dont elle fait partie, et ce produit, par un coefficient constant α, déterminé de façon à ce que la somme des cotes des intéressés équivaille à la dépense totale. Ce coefficient sera donné par l’égalité suivante, dans laquelle S représente la somme totale à dépenser pour l’établissement de la digue :

α = S/pv + pv′ + pv″ + etc..

Telle serait la méthode à suivre pour dresser les rôles de répartition. On voit qu’elle comporte une détermination fort épineuse, et qui, dans le cas de cours d’eau aussi capricieux dans leurs ravages que les torrents, doit laisser une grande place à l’arbitraire des syndics. Mais les classes une fois formées, le reste est conforme à la plus rigoureuse équité.

Il serait à désirer que l’administration, qui exerce un contrôle sur les rôles des syndics, leur prescrivit formellement la marche que je viens d’indiquer : elle rendrait le champ des contestations plus précis et plus restreint. Aujourd’hui le bon sens des propriétaires lésés fait souvent découvrir l’inexactitude des rôles sans qu’ils puissent, du reste, préciser où est le vice de la méthode, qui réside, tantôt dans la fixation de la chance d’irruption, tantôt dans les erreurs signalées plus haut, résultant des valeurs inégales des propriétés. — Avec la méthode précédente, le débat ne pourrait jamais porter sur le premier élément, et ce point une fois convenu, toute discussion deviendrait impossible sur le reste.