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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/30

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CHAPITRE II.


Nature des cours d’eau du département.

Tous les cours d’eau qui parcourent ces vallées n’ont pas les mêmes caractères. On peut, suivant les différences qu’ils manifestent dans leurs propriétés, les répartir en quatre classes.

La première classe comprend les rivières. Comparées aux autres cours d’eau, les rivières portent les caractères suivants :

Elles coulent dans des vallées larges, encaissées par des chaînes élevées ; elles ont un assez fort volume d’eau, et des crues prolongées ; leur pente, constante sur de grandes longueurs, n’excède pas 15 millimètres par mètre. Mais le trait le plus saillant de ces rivières est de divaguer sur un lit plat, très-large, et dont elles n’occupent jamais qu’une très-petite portion. Cette propriété sépare aussi ces cours d’eau de la plupart des rivières de la France, en les rapprochant d’une classe particulière, connue des hydrauliciens sous le nom de rivières à fond mobile. Mais ils se distinguent encore de cette classe par un caractère de mobilité bien plus tranché. Ici, ce n’est pas seulement le fond du lit qui se modifie, et qui déplace de temps en temps la ligne du thalweg ; c’est la masse toute entière des eaux, qui abandonne son lit, le laisse tout à coup à sec, et se forme un lit nouveau, à une grande distance du premier. Ce qu’on appelle ici les délaissés de la Durance sont des plages, qui se prolongent au loin, tantôt stériles, tantôt couvertes de cultures, et dont la largeur ex-