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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/41

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CHAPITRE IV.


Forme des lits de déjection.

Le premier aspect de ces lits n’est pas sans analogie avec celui d’une vaste ruine : aussi plusieurs torrents ont-ils emprunté leur nom à cette ressemblance[1]. C’est un entassement de cailloux et de blocs, jetés sur une grande étendue de terrain ; une plage aride, dépouillée de cultures, de végétation, dépouillée même de sol végétal, et qui rappelle naturellement à l’esprit l’idée d’une grande destruction. En présence de cette masse énorme de débris, on a quelquefois peine à comprendre qu’elle puisse être l’ouvrage du chétif filet d’eau, qu’on voit suinter à travers les blocs.

Examinés avec plus de soin, on découvre que ces amas, qui paraissent jetés là avec tant de désordre, sont au contraire disposés suivant des lois toutes mathématiques.

D’abord, leur forme générale est fort remarquable. C’est celle d’un monticule très-aplati, conique, placé à la sortie de la gorge, et accolé à la montagne, comme un contre-fort. Les arêtes, qui dessinent sur la surface de ce cône les lignes de plus grande pente, sont dressées très-régulièrement, suivant des pentes douces, qui s’infléchissent un peu vers le bas, mais avec

  1. Torrent de la Ruine (au Lautaret), — de la Ruinasse (au Monestier), — de Ruinance (Basses-Alpes).