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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/54

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en s’exhaussant derrière eux, par une sorte de remou. On reconnaît dans cette description la marche des laves volcaniques. L’analogie est si frappante que ces sortes d’alluvions portent en effet le nom de laves dans ce pays[1].

Cette boue empoisonne toutes les propriétés sur lesquelles le torrent la répand. Elle forme, en séchant, une espèce de ciment tenace, qui empêche l’action de l’air sur les racines, et fait périr les arbres. Effondrée et abandonnée pendant quelque temps à l’action atmosphérique, elle devient d’une fertilité remarquable. Ainsi certains torrents compensent en partie leurs ravages par une action bienfaisante. Ils dissolvent les calcaires durs et incultes, qui forment la substance de ces montagnes, et ils les déposent dans la vallée, convertis en terre végétale. Mais quel pauvre dédommagement à tant de maux qu’ils causent !

Quand les eaux charrient, en même temps que la boue, des galets ou des blocs, il se forme, du mélange de toutes ces matières, une espèce de béton, qui prend, par l’action du temps, une grande dureté. Beaucoup de brèches ou de poudingues, dans ce département, ont été formés de cette manière.

La boue se dépose sur des pentes très-variées, suivant que sa dissolution dans les eaux est plus ou moins épaisse.

Le gravier comprend des pierrailles de toutes natures, depuis la grosseur d’un grain de sable, jusqu’à celle des matériaux servant à l’empierrement des chaussées. Il se dépose sur des pentes qui n’excèdent pas 2 1/2 centimètres par mètre. Ces dépôts sortent principalement des terrains appartenant à la formation des grès verts, qui sont superposés au lias[2].

Les galets sont formés par des pierres comprises entre les graviers et les blocs ; ceux-ci comprenant toutes les pierres qui ont plus de 25 centimètres de diamètre ou de côté. Les galets sont plus fréquents dans les lits des cours d’eau qui sortent des terrains primitifs ou des roches d’é-

  1. Torrents des Moulettes, — du Devizet, — de Sainte-Marthe, tous les torrents de la vallée de Barcelonnette (Basses-Alpes), et surtout celui de Rioubourdoux ; ce genre de déjections y est aussi connu sous le nom de laves.
  2. Les torrents entre Briançon et le Monestier, — ceux de Veynes.