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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/97

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moyenne qui pourra être celle à donner à l’encaissement. — Il faut encore comparer cette section à celle des torrents analogues à celui que l’on étudie, et prise dans les parties où ils sont encaissés, soit naturellement, soit par des ouvrages d’art.

Je passe au second élément : le tracé de l’axe du torrent. — La règle est ici toute simple. Le tracé doit être rectiligne en entier, s’il est possible : sinon, s’écarter le moins possible d’une ligne droite moyenne. En redressant les sinuosités du lit primitif, on réalise deux effets ; on augmente la pente, et on détruit les pertes de vitesse, qui sont toujours le résultat d’un changement de direction ; on a donc doublement contribué à accélérer la vitesse de l’écoulement, et par conséquent, à empêcher l’exhaussement.

Reste l’élément de la pente. Celui-ci ne dépend pas de nous : il est imposé par le talus naturel du lit, et aucun artifice ne parviendra à l’augmenter au delà d’une certaine limite, laquelle est donnée par la ligne droite, qui serait tirée de la gorge à l’embouchure. Si les déjections n’ont pas déjà formé elles-mêmes la pente-limite, on ne peut pas songer à la créer. Reste à découvrir quelle est cette pente-limite, qu’il est si important de connaître, pour être assuré du bon succès des dépenses qu’on veut appliquer à un encaissement ? — Cette recherche se complique de plus d’un élément. On peut le prévoir de suite, quand on réfléchit qu’il s’agit de la pente qui convient à l’entraînement des matières, et qu’elle dépend ainsi à la fois, et de la forme du lit de déjection qui les reçoit, et de la nature du bassin de réception qui les fournit : la recherche embrasse donc l’examen du cours tout entier. Au milieu du grand nombre de considérations qui doivent entrer dans une pareille question, j’en indiquerai seulement quelques-unes.

Une première donnée résulte de l’examen des matières déposées par le torrent. On a vu ailleurs quelles sont les limites des pentes qui correspondent au dépôt des différentes natures d’alluvions. — On peut, par exemple, admettre que le gravier sera toujours chassé dans un chenal, dont la pente serait de 3 centimètres par mètre ; ce qui dépasse la limite supérieure, résultant de l’observation des pentes d’un grand nombre de lits qui roulent du gravier[1].

  1. Par exemple le torrent de Glaisette à Veynes, qui roule du gravier, a été encaissé avec succès sur une longueur de 800 mètres ; sa pente est de 0,025 m par mètre. — Le torrent de Théus, qui roule des galets et quelques petits blocs, a été encaissé avec succès sur une pente de 0,05 m par mètre.