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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/107

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LE RÉGIME MODERNE


régime, marquaient son rang et sa prééminence ; aujourd’hui, sous le régime moderne, pour un laïque, même pour un ministre d’État, elles sont hors d’usage : à partir de 1802, un article des lois organiques[1] les « interdit. » aux évêques et aux archevêques : ils ne pourront « ajouter à leur nom que le titre de citoyen et de monsieur ». Mais, en pratique, sauf dans l’almanach officiel, aujourd’hui tout le monde appelle un prélat monseigneur, et, dans le clergé, parmi les fidèles, on lui écrit et on lui dit Votre Grandeur, sous la république comme sous la monarchie.

Aussi bien, dans ce sol provincial où les autres pouvoirs ont perdu leurs racines, non seulement il a gardé toutes les siennes, mais il les a plongées plus avant, il les a étendues plus loin, il a grandi au delà de toute mesure, et maintenant tout le territoire ecclésiastique lui appartient. Autrefois, dans ce territoire, beaucoup de morceaux, et très larges, étaient des enclos à part, des réserves dont un mur immémorial lui fermait l’accès. Dans la très grande majorité des cas, ce n’est point lui qui conférait les bénéfices et emplois ; dans plus de la moitié des cas, ce n’est pas lui qui nommait aux cures vacantes. À Besançon[2], sur 1500 emplois et bénéfices, il en conférait moins de 100, et son chapitre

  1. Article 12.
  2. La Révolution, tome III, 277. — L’abbé Sicard, les Dispensateurs des bénéfices ecclésiastiques avant 1789. Correspondant du 10 septembre 1889, 887, 892, 893.) — Grosley, Mémoires pour servir à l’histoire de Troyes, II, 35, 45.