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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/16

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XIII
AVANT-PROPOS


tion pure, à l’hostilité contre les religions existantes. Tout groupement social se faisant autour de l’idée religieuse qui le produit et le soutient, quel bouleversement dans le système séculaire que formaient, ordonnés ensemble, mutuellement adaptés, le droit, les coutumes, la morale, les institutions ! Quelle rupture de l’équilibre intérieur qui faisait l’homme immobile et tranquille ! Quelle agitation de l’intelligence, conduisant à quelles fièvres, à quelles impulsions, à quelles ambitions, à quelles langueurs, à quelles tristesses, à quel désordre de tous les sentiments qui jusque-là maintenaient toutes les espèces de société, famille, commune, église, association libre, État ! — Maintenant, à côté de ces effets immédiats de la science sur les habitudes intellectuelles des hommes, considérez ceux que produisent ses applications sur leur condition matérielle, d’abord leur bien-être accru, leur puissance augmentée, puis la rupture des attaches qui les retenaient au lieu de naissance, leur concentration en masses ouvrières dans les villes où les appelle la grande industrie rapidement développée, l’afflux des idées étrangères, des renseignements de toutes sortes, la mort graduelle