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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/20

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XVII
AVANT-PROPOS


aimait avec une passion tendre et silencieuse, le devoir d’aider à la guérir en établissant le diagnostic général qu’un historien-philosophe pouvait porter après une longue étude de sa constitution profonde. L’examen achevé, il se croyait en droit de porter ce diagnostic. — Non que sa modestie se permît de prédire l’avenir ou de dicter des réformes. Quand à propos de telle réforme on lui demandait son avis, le plus souvent il se récusait : « Je ne suis qu’un médecin consultant, disait-il ; sur cette question spéciale je n’ai pas de détails suffisants ; je ne suis pas assez au courant des circonstances, qui varient au jour le jour. » — En effet, selon lui, il n’y a pas de principe général d’où l’on puisse déduire une série de réformes. Au contraire, le premier avertissement qu’il nous eût donné, c’est, en matière politique et sociale, de ne pas chercher les solutions simples, de procéder par tâtonnements, par tempéraments, en acceptant l’irrégulier et l’incomplet. — On s’y résigne à mesure que, par l’étude de l’histoire, on acquiert le « sens des milieux et des développements ». Là est le remède général aux effets destructeurs qu’a produits le brusque progrès de la science, et c’est