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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/218

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L’ÉCOLE


potier, contre le poids de la roue tournante, contre le frottement des autres morceaux d’argile pétris avec elle, contre les trois pressions incessantes et prolongées qui composent l’éducation publique. — Manifestement il y a là une force énorme, surtout si les trois pressions, au lieu de se contrarier, comme il arrive le plus souvent, s’accordent et convergent pour produire un certain type d’homme fait, si, depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence, à la jeunesse et à l’âge adulte, les préparations successives se superposent de façon à graver plus au fond et plus exactement le type adopté, si toutes les influences et opérations qui le gravent, prochaines ou lointaines, grandes ou petites, internes ou externes, forment ensemble un système cohérent, défini, applicable et appliqué. Que l’État se charge de le faire et de l’appliquer, qu’il accapare l’éducation publique, qu’il en devienne le régulateur, le directeur, l’entrepreneur, que, sur toute la longueur et la largeur du territoire, il établisse et fasse jouer sa machine, que, par autorité morale et par contrainte légale, il y fasse entrer la génération nouvelle ; vingt ans plus tard il trouvera, dans ces mineurs devenus majeurs, l’espèce et le nombre des idées dont il a voulu les pourvoir, l’étendue, les limites et la forme d’esprit qu’il approuve, le préjugé moral et social qui lui convient.