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L’ÉCOLE


physionomie, ardente des élèves couronnés, leurs yeux étincelants, leur rougeur, la joie et les larmes des parents. Sans doute le système a ses inconvénients : très peu d’élèves peuvent espérer la première place ; les autres manquent d’aiguillon, et d’ailleurs ils sont négligés par le maître. Mais l’élite fait des efforts extraordinaires, et avec elle on obtient des réussites. « Pendant les temps de la guerre, dit encore notre Allemand, j’ai hébergé nombre d’officiers français qui savaient par cœur la moitié de Virgile et d’Horace ». Pareillement, en mathématiques, des jeunes gens de dix-huit ans, élèves de l’École Polytechnique, entendent très bien le calcul différentiel et intégral, et, au témoignage d’un Anglais[1], « ils le possèdent mieux que beaucoup de professeurs de la Grande-Bretagne ».

V

Cette préparation générale, Napoléon la précise et la dirige dans le sens de sa politique, et, comme il a surtout besoin de soldats, l’école, sous sa main, devient le vestibule de la caserne. Dès l’origine, l’institution a reçu le tour et l’esprit militaires, et cette forme, qui lui est essentielle, devient de plus en plus étroite. En 1805[2], pendant quatre mois, Fourcroy, sur l’ordre de l’empe-

  1. Travels in France during the years 1814, 1815 Édimbourg, 1816), I, 152.
  2. Ambroise Rendu et l’Université de France, par E. Rendu (1861), 25 et 26 (Lettre de l’Empereur, 3 floréal an XIII, et rapport de Fourcroy).