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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/339

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LE RÉGIME MODERNE


Jauffrey, Bellaguet, n’ont vécu qu’à cette condition, à la condition d’être des auxiliaires, des subordonnés, des aubergistes pour les lycées d’externes ; tel est encore le cas aujourd’hui pour Bossuet et Gerson. En fait d’éducation et d’enseignement, ce qu’une institution si réduite peut conserver d’originalité et de vertu pédagogique est bien peu de chose. — À la campagne, les oratoriens qui ont racheté Juilly sont obligés[1], pour fonder une maison libre et durable d’« éducation chrétienne et nationale », de tourner la loi civile qui interdit les fidéicommis, de se constituer en « société tontinière », de présenter leur entreprise désintéressée comme l’exploitation industrielle et commerciale d’un pensionnat lucratif et achalandé. Encore aujourd’hui, c’est par des fictions analogues que des entreprises analogues[2] parviennent à se fonder et à subsister.

Naturellement, sous ce régime préventif, les établissements privés ont de la peine à naître ; ensuite, englobés, mutilés, étranglés, ils n’ont pas moins de peine à vivre, dégénèrent, dépérissent et succombent un à un. Pourtant, en 1815, sans compter les 41 petits

  1. Charles Hamel, Histoire de Juilly, 413, 419 (1818). — Ib., 532, 665 (15 avril 1846). Remplacement de la Société tontinière par une société à terme fixe (40 ans) avec un capital social de 500 000 francs divisé en 1000 actions de 500 francs chacune, etc.
  2. Par exemple, Monge, l’École Alsacienne, l’École libre des Sciences politiques. Les jurisconsultes compétents conseillent aux fondateurs d’une école privée de la constituer sous forme de société commerciale, ayant pour objet le lucre et non le service du public ; si les fondateurs de l’école veulent en conserver la libre direction, ils éviteront de la faire déclarer « d’utilité publique. »