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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/341

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LE RÉGIME MODERNE


des familles, n’ont d’autre objet que le contentement des familles. Au contraire, à côté de cet objet, les deux survivantes en ont un autre, chacune le sien, objet supérieur et doctrinal, qui lui est assigné par son intérêt propre et par l’antagonisme de l’intérêt contraire ; c’est en vue de cet objet, en vue d’un but politique ou religieux, que chacune d’elles dirige chez elle l’éducation et l’enseignement ; comme Napoléon, elle inculque ou insinue aux jeunes gens ses opinions sociales et morales, lesquelles sont tranchées et deviennent tranchantes. Or la majorité des parents, qui préfère la paix à la guerre, souhaite à ses enfants des opinions moyennes, non belliqueuses ; elle voudrait qu’on fît d’eux des adolescents instruits et respectueux, capables et sociables, rien de plus ; mais aucune des deux institutions rivales ne s’en tient là ; chacune d’elles opère au delà et à côté[1], et quand le père, à la fin de juillet, vient reprendre son fils au collège ecclésiastique ou au lycée laïque, il court risque de trouver, dans le jeune homme de dix-sept ans, les préjugés militants, les conclusions hâtives et violentes, la raideur intransigeante d’un « laïcisant » ou d’un « clérical ».

III

Cependant les vices internes du système primitif ont persisté, entre autres l’un des pires, l’internat sous une

  1. Même lorsque les maîtres sont conciliants ou réservés, les deux institutions s’affrontent, et les élèves ont conscience de cet