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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/360

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L’ÉCOLE


ou l’enseignement libre, souple et multiple se hausse incessamment et de lui-même jusqu’au niveau montant de la science. Chez nous, faute d’universités, elles n’avaient que les écoles spéciales ; c’est là seulement qu’elles ont pu se faire place et obtenir des professeurs. Dès lors, le caractère propre de ces écoles a changé : elles ont cessé d’être strictement spéciales et véritablement professionnelles. — Chacune d’elles, étant un individu, s’est développée à part et pour soi ; elle a voulu posséder à domicile et fournir sous son toit tous les enseignements généraux, collatéraux, accessoires et ornementaux qui, de près ou de loin, pouvaient servir à ses élèves. Elle ne s’est plus contentée de faire des hommes compétents et exerçants ; elle a conçu la forme supérieure, le modèle idéal de l’ingénieur, du médecin, du juriste, du professeur, de l’architecte ; pour fabriquer ce type extraordinaire et désirable, elle a imaginé quantité de cours surérogatoires et de luxe, et, pour obtenir ces cours, elle a fait valoir l’avantage de donner au jeune homme, non seulement toutes les connaissances techniques, mais encore le savoir abstrait, les informations diverses et multiples, la culture complémentaire et les grandes vues générales qui mettront dans le spécialiste un savant proprement dit et un esprit très largement ouvert.

À cet effet, elle s’est adressée à l’État ; c’est lui, l’entrepreneur de l’instruction publique, qui fonde toute chaire nouvelle, nomme l’occupant, paye le traitement, et quand il est en fonds, il n’y répugne pas ; car il


  le régime moderne, III.
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