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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/38

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L’ÉGLISE


« gouvernement. Le pape confirme la vente des biens du clergé ; il sacre la république. » Les fidèles ne la voient plus de mauvais œil ; ils se sentent, non seulement tolérés, mais encore protégés par elle, et ils lui en savent gré[1]. Le peuple retrouve ses églises, ses curés le culte auquel il tient par habitude et presque par instinct, les cérémonies qui, dans son imagination, font corps avec tous les grands actes de sa vie, rites solennels du mariage, du baptême, de la sépulture, offices et sacrements. Désormais, dans chaque village, chaque dimanche on dit la messe, et aux Rogations les paysans ont une procession pour bénir leurs récoltes. Un grand besoin public est satisfait, les mécontentements s’apaisent, les rancunes s’atténuent, le gouvernement a moins d’ennemis, ses ennemis perdent leur meilleure arme, et, du même coup, il acquiert une arme excellente, le droit de nommer les évêques et d’agréer les curés. En vertu du Concordat et par l’ordre du pape, non seulement les anciennes autorités spirituelles finissent toutes en 1801, mais encore, avec l’assentiment du pape, les titulaires nouveaux, à partir de 1801, tous choisis ou acceptés, tous maniés, disciplinés[2] et payés par le Premier Consul, sont, de fait, ses créatures et vont être ses fonctionnaires.

  1. Thibaudeau, 154 (Paroles du Premier Consul) : « Ce qui fait aimer le gouvernement, c’est son respect pour le culte… Il faut rattacher les prêtres à la République. »
  2. Id., 154 : « Ne vaut-il pas mieux organiser le culte et discipliner les prêtres que de laisser les choses aller comme elles vont ? »