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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/55

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LE RÉGIME MODERNE


« du pape ; ils ne reconnaissaient pas d’autre souverain que lui ; aussi étaient-ils plus à craindre pour les gouvernements que le clergé séculier. Celui-ci, sans eux, n’aurait jamais embarrassé » ; désormais il n’y aura plus que lui. « Je veux[1] des évêques, des curés, des vicaires, voilà tout,… on souffre, contre mes instructions, que des communautés religieuses se rétablissent ; — je suis informé qu’à Beauvais et dans d’autres villes, les jésuites ont formé des établissements sous le nom de Pères de la foi ; il ne faut pas le permettre. » Et il l’interdit par décret[2] ; il dissout toutes les associations formées sous prétexte de religion et non autorisées » ; il décide qu’à l’avenir aucune agrégation ou association d’hommes ou de femmes ne pourra se former sous prétexte de religion, à moins d’une autorisation formelle » ; il charge les procureurs de ses tribunaux « de poursuivre, même par la voie extraordinaire, les personnes des deux sexes qui contreviendraient directement ou indirectement » à son décret. — Mais il s’est réservé la faculté d’autoriser les communautés dont il pourra tirer profit, et, de fait, il en autorise plusieurs, en qualité d’instruments dont la société a besoin ou dont l’État fait usage, en particulier les Sœurs de Charité, hospitalières

  1. Pelet de la Lozère, 207 (22 mai 1804).
  2. Décret du 5 messidor an XII (22 juin 1804). — Lettre de Napoléon au roi de Naples, 14 avril 1807, sur la suppression des couvents à Naples : « Vous savez que je n’aime pas les moines ; car je les ai détruits partout. » À sa sœur Élisa, 17 mai 1806 ; Allez votre train et supprimez les couvents. »