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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/92

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L’ÉGLISE


deux cas, la situation était pareille, et dans le second cas, comme dans le premier, des motifs du même ordre autorisaient le même usage du même pouvoir.

Mais la situation, en se prolongeant, multipliait, pour l’Église, les cas d’urgence, et, pour le souverain pontife, les cas d’intervention. — Depuis 1789, tout l’ordre civil, constitutionnel, politique, social et territorial est devenu singulièrement instable, non seulement en France, mais en Europe, non seulement dans l’ancien continent, mais aussi dans le nouveau. Sous les coups et les contre-coups indéfiniment propagés et répercutés de la philosophie du XVIIIe siècle et de la Révolution française, des États souverains se sont effondrés par centaines ; d’autres, par dizaines, se sont élevés à leur place, et des dynasties différentes s’y sont succédé : ici des populations catholiques sont tombées sous la domination d’un prince schismatique ou protestant ; là tel pays catholique, compris pendant quinze ans dans un État mixte, s’est détaché et constitué à part. Dans l’Amérique protestante, les catholiques, multipliés par millions, ont formé des communautés nouvelles ; dans l’Amérique catholique, les colonies sont devenues indépendantes ; presque partout en

    ver à tout prix, en vertu du principe salus populi suprema lex ». En conséquence, il interdit au cardinal « l’exercice de la juridiction épiscopale dans son église métropolitaine, et constitua M. de Bernis administrateur de cette église, tant au spirituel qu’au temporel, nonobstant toute constitution décrétée même par les conciles généraux, les ordonnances apostoliques, les privilèges, les indults, etc. ».