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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 2, 1910.djvu/175

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LA PROPAGATION DE LA DOCTRINE


économique à l’usage « du pauvre peuple qui se bat à qui en aura[1] ». M. de Barral, évêque de Castres, prescrit à tous ses curés de prêcher et propager la culture des pommes de terre. Le marquis de Guerchy monte avec Arthur Young sur les tas de foin pour apprendre à bien faire une meule. Le comte de Lasteyrie importe en France la lithographie. Nombre de grands seigneurs et de prélats figurent dans les sociétés d’agriculture, écrivent ou traduisent des livres utiles, suivent les applications des sciences, étudient l’économie politique, s’informent de l’industrie, s’intéressent en amateurs ou en promoteurs à toutes les améliorations publiques. « Jamais, dit encore Lacretelle, les Français n’avaient été plus ligués pour combattre tous les maux dont la nature nous impose le tribut, et ceux qui pénètrent par mille voies dans les institutions sociales. » Peut-on admettre que tant de bonnes intentions réunies aboutissent à tout détruire ? Tous se rassurent, le gouvernement comme la haute classe, en songeant au bien qu’ils ont fait ou voulu faire. Le roi se rappelle qu’il a rendu l’état civil aux protestants, aboli la question préparatoire, supprimé la corvée en nature, établi la libre circulation des grains, institué les assemblées provinciales, relevé la marine, secouru les Américains, affranchi ses propres serfs, diminué les dépenses de sa maison, employé Malesherbes, Turgot et Necker, lâché la bride à la

  1. Lucas de Montigny, Mémoires de Mirabeau, I, 290, 368. Théron de Montaugé, L’agriculture et les classes rurales dans le pays Toulousain, 14.


  anc. rég. ii.
T. II. — 11